15 mars 2019 Rennes, Caserne de Guines : faire vite mais bien
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L’agence d’architecture et d’urbanisme SATHY, portée par Tae Hoon Yoon, inscrit son activité dans la capacité à rassembler habitants et professionnels autour de sites en renouvellement urbain. L’agence accompagne Territoires depuis 2016 sur la mutation de la Caserne de Guines, ancien site militaire qui accueillera 480 logements aidés au coeur de Rennes.

Un projet très particulier puisqu’il participe à appliquer la loi du 18 janvier 2013 pour la mobilisation et la valorisation du foncier public. Le principe de décote foncière définie par cette loi est soumis à deux obligations principales : la production de logements aidés et la réalisation de l’opération dans un délai de 5 ans, une temporalité très courte pour une opération d’aménagement standard. Comment faire vite et bien, sans faire fi du contexte urbain et humain ?

 

Contrairement à ce que nous pourrions penser, c’est ce processus collaboratif qui nous permet de respecter ces délais très contraints

 

 

Entretien avec Tae Hoon Youn, urbaniste associé-fondateur de SATHY

 

"En 2018, après avoir achevé une première phase de participation citoyenne qui nous a permis d’aboutir à un consensus, nous avons organisé des workshops entre les différents opérateurs et architectes retenus. Au lieu de séquencer les différentes étapes du projet, nous devions rassembler.

 

Nous avons donc proposé de ne faire qu’une seule consultation d’architectes au nom des 4 bailleurs retenus pour sélectionner ensemble les 4 projets lauréats. Les opérateurs semblent très satisfaits de l’expérience. Cette méthode puis les ateliers urbains organisés avec tous les architectes leur ont fait économiser du temps et de l’argent. Les réajustements des projets ont pu se faire très tôt au lieu de remettre en cause des projets quasi aboutis.

En moins d’un an, nous avons tout fait, grâce à une cohésion entre élus, aménageur, opérateurs, architectes. Aujourd’hui, nous déposons les permis de construire et on peut dire que les ambitions ont été maintenues, tant sur l’axe « vie sociale » que sur la qualité de l’architecture et des matériaux. Nous visons le label E+C- sur tous les bâtiments.

C’est aussi la preuve qu’on peut faire vite tout en conservant de vrais concours et de vrais jurys d’architecture. 

 

Ce qui est intéressant dans ce projet, c’est qu’il repose sur un paradoxe : on travaille dans le cadre national de la loi, mais on applique une démarche très locale. 

Contrairement à ce que nous pourrions penser, c’est ce processus collaboratif qui nous permet de respecter ces délais très contraints tout en rendant le projet acceptable. On a réussi à défendre des enjeux nationaux (la densité en centre-ville, la nécessité de produire du logement aidé, le cadre de la loi) tout en associant les envies des habitants, les contraintes des opérateurs, les propositions des architectes… 


En parallèle du travail avec les opérateurs et architectes, nous allons lancer une nouvelle démarche participative, en lien avec les chantiers d’espaces publics, autour de l’art dans la ville. L’enjeu national du projet ne nous empêche pas de respecter les habitudes locales, la position de la Ville de Rennes et de Territoires qui se veut ancrée.
 

On essaie d’inventer des choses sur le participatif et c’est dans cette réflexion nationale que nous inscrivons le site de la Caserne de Guines. A Rennes, la tradition du dialogue social, du logement social aussi, est très intéressante. Sur la hauteur et la densité, les personnes sont beaucoup plus décomplexées qu’ailleurs. 

Sur le participatif, Guines nous sert de laboratoire pour Grenoble, Bussy-Saint-Georges, Choisy-le-Roi…

 

Nous avons aussi développé une nouvelle méthode de rédaction des cahiers de prescription et fiche de lot. Au lieu de listes à la Prévert, nous présentons des situations, des problématiques auxquelles il faut répondre (angle de rue, ambiances, sols…). On propose un modèle très libre mais qui incite à faire bien."