2 juillet 2019 Laillé, La Touche : l'eau pour fil bleu
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À Laillé, la Zac de la Touche est entrée dans sa phase opérationnelle en 2018, avec l’eau pour fil rouge ou, devrait-on dire, pour fil bleu. Une conviction des élus de la commune, en particulier du maire Pascal Hervé, nourrie des réflexions à l’oeuvre à toutes les échelles (internationale, nationale et métropolitaine).

L’année 2018 a traduit cette ambition dans les principes d’aménagement de l’espace public mais également dans les prescriptions définies pour les terrains cédés aux opérateurs et aux particuliers.

La question que nous posons sur La Touche est la suivante : comment se serait conduit

le cycle de l’eau si nous ne devions pas urbaniser ?

 

 

Entretien avec Pascal Hervé, maire de Laillé (2008-2020)

 

"Nous avons souhaité inscrire ce nouveau développement de Laillé dans une réflexion sur

le fonctionnement des cycles naturels. Alors que nous passons - sur le site de La Touche -

d’une activité agricole à un projet d’urbanisation, comment faire pour ne pas trop perturber

le milieu naturel, voire pour réhabiliter son fonctionnement naturel ?

C’est un sujet essentiel, qui le devient à l’échelle nationale et métropolitaine puisque la

compétence "gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations" revient

désormais à Rennes Métropole. Cela contribue à faire de la gestion des eaux pluviales une

dimension bien plus prégnante de nos opérations d’aménagement.

 

La question que nous posons sur La Touche est la suivante : comment se serait conduit

le cycle de l’eau si nous ne devions pas urbaniser ? Cela oblige Territoires et l’équipe

qu’elle a constituée à faire des analyses de sol poussées et à étudier ce cycle naturel

de façon globale. L’objectif est que l’eau puisse être gérée à la parcelle plutôt que par

des aménagements "tout tuyau" qui accélèrent le cycle de l’eau et amènent à gérer des

volumes énormes en aval.

Territoires a également travaillé à la re-création du bocage, les arbres et la végétation

étant essentiels à la cohérence écologique d’un aménagement. Nous avons dessiné un

maillage végétal comme on le fait d’habitude pour la voirie.

 

J’ai demandé à l’aménageur de réunir autour de la table des compétences avérées dans ce domaine-là. Le fait de faire appel à Territoires nous permet de favoriser le côté coopératif, la collégialité dans les projets d’aménagement. On pressent qu’une SPLA peut avoir une plus grande écoute et une meilleure efficacité qu’un acteur privé quand on veut pousser les ambitions.
On doit profiter du fait que la puissance d’aménagement soit du côté de la collectivité pour favoriser la montée en compétence de ceux qui nous accompagnent.

 

Les outils tels que les Sem et SPLA peuvent se spécialiser et nous apporter de nouvelles réponses pour faire face aux enjeux écologiques. C’est pour cela qu’on croit à la gestion publique. Et si Territoires n’est pas là pour expliquer aux bureaux d’études et concepteurs ce que les élus attendent, il y a un réflexe de reproduction des mêmes modèles. L’aménageur est là pour permettre aux collectivités de travailler leur imaginaire, leur créativité, pour donner vie à des ambitions qui peuvent sembler utopiques. 

Prendre l’eau pour "fil bleu", c’est l’équilibre de l’aménagement. On est contraint de respecter des choses qu’on a oubliées. L’eau, c’est un élément incontrôlable. Il faut savoir vivre avec et on a tout intérêt à le faire car c’est peut-être un des premiers éléments qui viendra à nous manquer, en quantité et en qualité.  

 

Et cela porte ses fruits en se traduisant de la manière la plus concrète qu’il soit. Sur le site de la Touche, nous aurons très peu de tuyaux mais des chaussées réservoirs, une définition de l’altimétrie à la parcelle, des noues… On cherche également à lutter contre les îlots de chaleur en travaillant sur la plantation des haies, les essences à préserver et développer… On recrée du bocage urbain en y intégrant la circulation de l’eau. On bénéficie du rôle de tiers de confiance de Territoires, qui sait travailler en bonne intelligence avec les services de Rennes Métropole. Toutes ces prises de décisions ne sont pas théoriques, elles sont parfaitement contextualisées."