1 février 2019 La Courrouze : "Gagner du terrain" ou les nouveaux chemins de la participation
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"Vivre en ville, habiter dans un parc", les habitants de La Courrouze connaissent bien l’adage qui accompagne l’écoquartier depuis sa naissance. Chacun profite de cet écrin de nature à sa façon et tous voient progressivement s’ouvrir de nouveaux morceaux de ce parc en réseau. Mais habiter dans un parc, c’est aussi avoir conscience de ce qu’il représente en termes de biodiversité et d’usages, imaginer tout à la fois sa préservation et son évolution dans le temps.

En 2018, Territoires a engagé les habitants de La Courrouze et d’ailleurs dans la conception des espaces publics du coeur de quartier, tout près de la future station de métro La Courrouze, dans le secteur Grandes Prairies. C’est la coopérative Cuesta qui a été choisie pour inventer une méthode de co-conception ouverte et créative.

Ces espaces peu maîtrisés, qui vont de pair avec la préservation du patrimoine historique et végétal de la Courrouze, sont souhaités par les habitants.

 

Entretien avec Agathe Ottavi, co-directrice de Cuesta

 

"Cuesta, c’est une coopérative à la croisée entre art et territoires. C’est le résultat d’une histoire et d’un cheminement professionnel. Nous venons du monde de l’art public. Nous avons monté des expositions hors les murs, de grands événements, parfois dans des logiques de marketing territorial.

 

On s’est frottés, dans ces expériences, à la création d’espaces publics ou à des projets d’aménagement plus globaux. Mais nous étions déçus, il manquait quelque chose, une réflexion plus approfondie sur la façon dont les projets artistiques pouvaient travailler le lien social.

L’artiste est souvent appelé sur des compétences précises, pour animer, décorer, comme s’il détenait seul un savoir qu’il n’était pas en mesure de partager. Pour nous, l’art est au contraire un medium qui permet de travailler ensemble nos représentations, la construction de savoirs, de créer du lien.

Nous avons décidé de mettre notre conviction à l’épreuve des projets des collectivités et des aménageurs. L’objectif n’est pas seulement d’aménager des espaces mais de voir comment les processus d’aménagement ou de renouvellement urbains permettent de poser des questions collectivement.

C’est un rempart contre la ville banalisée, qui crée les tensions qu’on connaît car nous manquons de liens, d’histoires communes, d’espaces de convivialité.

 

Sur la démarche Gagner du terrain, il y avait une vraie volonté de l’aménageur. Plutôt que de concevoir ensemble l’espace public, nous avons proposé de travailler sur ses représentations, pour ensuite nourrir le travail des concepteurs. Voilà pourquoi nous travaillons avec des artistes. Avec Gongle, nous avons proposé un projet théâtral, pour passer la frontière du jeu et permettre aux participants de « se lâcher » et de « trouver leur place ».

 

Nous avons imaginé le secteur Grandes Prairies comme un vaste « playground ». Nous sommes très contents de l’esthétique produite. En impulsant ce type de démarche, le rôle de l’aménageur se redéfinit ; les réponses issues de la démarche Gagner du terrain ne sont pas forcément de l’aménagement pur. Les usages (« escalader à La Courrouze », « faire du manège », « méditer »…) plébiscités par les participants sont désormais examinés par Territoires et les urbanistes et paysagistes de la Courrouze (Studio avec Charles Dard).

 

Ces espaces peu maîtrisés, qui vont de pair avec la préservation du patrimoine historique et végétal de la Courrouze, sont souhaités par les habitants. La réflexion porte maintenant sur la création d’un espace scénique multi-fonctionnel, un espace de nature autour du plan d’eau, la conservation d’une ancienne cartoucherie et la création d’un espace d’aventure / escalade…

 

C’est une nouvelle démarche participative qui permettra de préciser tout cela avec les habitants et acteurs qui le souhaitent."