10 novembre 2020 A Rennes, le Mur habité mixe vertus acoustiques, économiques et culturelles
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Un "mur habité" ? C'est ainsi que l'a nommé l'architecte Nicolas Lebunetel qui en a conçu la forme et l'usage. Ou comment transformer ce qui devait être un simple équipement technique en lieu de création ouvert sur la ville. Mur acoustique protégeant le quartier du trafic ferroviaire, le mur habité accueille 9 artisans depuis la rentrée 2020. 
A son sommet, une passerelle piétonne forme un belvédère qui se poursuivra et permettra à terme de rejoindre la Vilaine et ses quais.

 

Protéger du bruit tout en donnant du sens et de l’identité à l’ouvrage et au quartier, tel est le dessein du Mur habité installé dans le nouveau quartier Claude Bernard - Alexandre Duval, près de la station de métro ligne b Mabilais.

 

Situé au sud-ouest du centre-ville de Rennes, cette ancienne friche industrielle bordée par la voie ferrée Paris-Brest s'inscrit dans un tissu urbain faubourgeois mêlant pavillons et petits immeubles du XIXe siècle.

Imaginée par l’architecte-urbaniste Nicolas Lebunetel, qui travaille aux côtés de Territoires & Développement pour l’aménagement du quartier, cette structure en bois composée de modules habitables et indépendants est à la fois un ouvrage acoustique et un espace ouvert aux habitants, proposant à des artisans et créateurs du grand ouest de s’installer pour démarrer leur activité et prendre part à la vie du quartier.

 

Le Mur habité  jouxte les Ateliers du Vent, collectif artistique installé dans l’ancienne usine Picard-Amora. Il est donc bien plus qu’un équipement technique : c’est le moteur, aux côtés des Atelier du Vents, d’une polarité culturelle qui favorisera les manifestations et expérimentations autour des Arts de la rue sur la nouvelle place créée au centre d’un quartier desservi par la ligne b du métro de Rennes.

 

Se déployant sur un linéaire de 110 m, l’ossature en bois, constituée de 24 portiques espacés de 4,80 m, porte un écran acoustique composé de panneaux pleins et transparents fixés sur une structure métallique secondaire. La façade plissée, donne à lire ondulations et variations des volumes, comparable au rideau de scène. La trame, organisée en rangs horizontaux et verticaux, offre une lecture aléatoire du bâti. Par ailleurs, cette composition atypique, enrichie et séquencée de fenêtres paysagères, livre de nombreuses percées visuelles en début et fin de passerelle. À cette structure se greffent des modules en ossature bois, en référence aux constructions scénographiques, qui accueillent artistes et artisans.

 

Un ouvrage récompensé par un Décibel d'argent en 2020

L’objectif acoustique est atteint, puisque les mesures de réception montrent une efficacité optimale : réduction du bruit de 18 dB(A) sur la place et devant les modules d’artistes, ramenant le bruit au passage des trains à un niveau compris entre 57 et 67 dB(A) : de tels niveaux sonores ne constituent plus une gêne pour la représentation de spectacles de rues, ou même pour une simple conversation sur cette place.

 

Cet ouvrage innovant, inédit en France, fait le pari de créer un lieu d’échange, de frottement, inséré au parti architectural de l’opération d’aménagement à partir d’une contrainte technique. 

 

Par ailleurs, le Mur habité s’inscrit dans la volonté de la métropole rennaise et de l’aménageur Territoires, signataires de l’Alliance Bois Construction Rénovation, de renforcer l’usage des matériaux biosourcés dans la construction. Le bois, utilisé en ossature mais aussi pour la réalisation des modules destinés aux artisans, est y ainsi très présent.

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