31 juillet 2025
Les Halles en Commun : regards croisés sur la préfiguration des espaces publics
À la croisée de Cleunay et La Courrouze, les Halles en Commun continue de se transformer et d’accueillir du public. Une vingtaine d’acteurs de l’économie sociale et solidaire et de l’économie circulaire, s’y sont installés dans une démarche d’urbanisme transitoire pilotée par Territoires. Parmi les explorations pour co-construire le quartier, une mission a été confiée pendant 3 ans (2023-2024 2025) aux collectifs Les Animé·e·s et Lost&Find, pour préfigurer les futurs espaces publics du site. Rencontre avec Sofia Achiakh, architecte co-responsable du collectif Les Animé·e·s et Perrine Cariou, architecte co-fondatrice de Lost&Find.
C'est quoi préfigurer les espaces publics ?
Perrine Cariou : Il s’agit de tester, par l’usage, des propositions d’aménagement des espaces, et permettre à chacun de donner son avis sur les aménagements définitifs du projet urbain. Avec une approche de la ville durable, collaborative et… joyeuse !
Sofia Achiack : Au-delà des usages, un enjeu majeur de la démarche est de travailler la désimperméabilisation des sols et à la renaturation du site.
Comment avez-vous procédé ?
SA : Notre idée était de travailler par site dans une logique d’accueil du public. Avec un site par an : l’entrée côté Courrouze, les préaux centraux, puis l’entrée côté Cleunay.
PC : Nous avons imaginé trois manières d’intervenir en fonction des envies de chacun : discuter, partager des moments de convivialité ou bien construire concrètement.
SA : Nous avons lancé l’idée des Festiv’halles. Des événements participatifs, festifs, récurrents. Sous forme d’ateliers de construction participatifs, plantations, concerts, défilés, animations…
Quels ont été les impacts concrets de ces événements sur le projet ?
PC : Par exemple, l’entrée du site côté Courrouze, avec la place, a finalement été végétalisée. Nourris des retours des participant·es aux différents ateliers, nous avons imaginé un lieu de convivialité, qui fait le lien entre l’école Simone Veil et Grabuge.
SA : Et, dans une logique d’économie circulaire, les matériaux issus du décroutage ont été réutilisés, pour tester de nouveaux cheminements.
PC : C’est en observant les enfants traverser le site, pour aller à l’école, que nous avons eu l’idée de valoriser ce passage, le sécuriser et le rendre ludique. Nous avons mis en place des ateliers avec l’école Champion de Cicé et Simone Veil afin que les enfants participent à la conception de la signalétique et s’approprient les lieux. Parallèlement, l’artiste rennais SETHI a réalisé une fresque qui relie l’entrée côté Cleunay et celle côté Courrouze.
Avec Festiv’Halles #5 vous avez choisi d’explorer la thématique du sport urbain.
PC : Comme nous résidons sur le site, nous avons pu observer une appropriation spontanée de plus en plus fréquente des espaces publics, pour différentes pratiques sportives comme le skate, le badminton, la danse…
SA : Ce phénomène nous a interpellé et nous avons souhaité l’intégrer dans la dynamique de l’espace public. Avec Festiv’halles #5, 800 à 1 000 personnes ont pu participer à des animations et ateliers sportifs, afin d’éprouver le site et déceler ses atouts, comme ses limites.
Et la suite ?!
SA : Aujourd’hui, les espaces sont perçus comme plus accueillants, plus colorés, plus végétal, même s’il reste des aménagements à créer. Dans cette démarche, l’important est aussi de tisser du lien avec les acteur·rices du quartier afin qu’ils continuent à faire vivre le site au quotidien.
PC : Nous travaillons sur du temps long. Cela permet d’observer et d’analyser les périodes d’utilisation. Étudier ce qu’on appelle la chronotopie : l’analyse des usages sur les temps jour/nuit semaine/ weekend ou encore vacances/ périodes scolaires… On peut voir si l’espace est utilisé de manière optimum. Et si notre mission est accomplie !
Le projet est lauréat de l’appel à manifestation d’intérêt « Démonstrateurs de la ville durable » lancé par l’État et la Banque des Territoires.
